Février 2000 : « J’ai partagé la faiblesse des faibles pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous, pour en sauver sûrement quelques-uns. » (1 Co 9,22)

Dans sa mission extraordinaire, le comportement de Paul pourrait se définir ainsi : se faire tout à tous. Il cherche en effet à comprendre toute personne, à entrer dans la mentalité de chacun. Avec les juifs, il se fait juif. Avec les autres hommes, ceux n’ayant pas reçu de loi révélée, il ne tient plus compte de sa loi. Il adhère aux coutumes juives chaque fois que cela lui sert à déplacer des obstacles ou à réaliser des réconciliations, mais lorsqu’il se trouve dans le monde gréco-romain, il assume les formes de vie et de culture correspondantes.

Aussi affirme-t-il :

 » J’ai partagé la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver sûrement quelques-uns.  »

Mais qui sont ces « faibles » ? Ce sont des chrétiens, encore peu instruits et influençables, faciles à scandaliser. Pouvait-on, par exemple, manger les viandes immolées aux idoles ? Pour Paul, il n’existe qu’un seul Dieu et les idoles ne représentent rien. Parler de viandes « sacrifiées aux idoles », n’avait donc aucun sens. Mais certains chrétiens, les « faibles », encore peu formés et habitués à certains raisonnements, pouvaient penser le contraire et rester désemparés. Se plaçant dans la mentalité fragile de ces chrétiens, Paul, pour ne pas les troubler, juge préférable de ne pas manger ces viandes-là.

 » J’ai partagé la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver sûrement quelques-uns.  »

Pourquoi Paul adopte-t-il une telle attitude ?

Tout en conservant la liberté du christianisme qu’il annonce, il ressent l’exigence, impérative, de se faire l’esclave des autres, de ses frères, de tous ses prochains. Il le fait parce que son modèle est le Crucifié.

Dieu, en s’incarnant, s’est fait proche de tout homme. Sur la croix, il s’est rendu solidaire de chacun de nous, pécheurs, avec nos faiblesses, nos souffrances, nos angoisses, notre ignorance, nos abandons, nos questions, nos problèmes…

Paul veut vivre de la même manière, c’est pourquoi il affirme :

 » J’ai partagé la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver sûrement quelques-uns.  »

Et nous, comment pouvons-nous vivre cette nouvelle Parole de vie ?

Nous le savons : le sens de la vie est de nous mener à Dieu. Et nous n’y allons pas seuls, mais avec nos frères et nos sœurs. Nous, chrétiens, nous avons en effet reçu un appel de Dieu semblable à celui de Paul. Comme l’Apôtre, il nous faut  » gagner  » quelqu’un,  » en sauver sûrement quelques-uns « .

Comment ? En  » se faisant un  » avec nos prochains, enfants ou adultes, ignorants ou cultivés, riches ou pauvres, hommes ou femmes, compatriotes ou étrangers. Ceux que nous rencontrons sur notre chemin, ceux à qui nous parlons au téléphone, ceux pour qui nous travaillons…

Nous devons les aimer tous. Mais préférer les plus faibles.  » Partager la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles « . Se tourner vers celui dont
la foi est fragile, vers l’indifférent, vers celui qui se déclare athée, celui qui dénigre la religion. Si nous nous faisons un avec eux, nous expérimenterons l’infaillible méthode apostolique de Paul : nous donnerons un témoignage de Dieu qui les fascinera.

A toi qui lis ces lignes, j’ose te dire : ta femme (ou ton mari) n’aime pas du tout l’Eglise et préfère passer des heures et des heures devant la télévision ? Tiens-lui compagnie, comme tu le peux, autant que tu le peux, en t’intéressant à tout ce qu’il aime le plus.

Pour ton fils, le foot est devenu une idole. Il se désintéresse de tout autre chose, au point d’en oublier jusqu’à la prière ? Passionne-toi de sport encore plus que lui.

Ton amie qui aime voyager, lire, s’instruire, a rejeté tout principe religieux ? Cherche à la comprendre dans ses goûts, ses exigences.

Fais-toi un, avec tous, en tout, autant que tu le peux, excepté dans le péché. S’ils y tombent, ne te joins pas à eux. Tu verras que se faire un avec les prochains n’est pas du temps perdu ; tu as tout à y gagner. Un jour viendra, pas si lointain, où ils voudront savoir ce qui te fait agir ainsi. Et, reconnaissants, ils aimeront ce Dieu, source de ton comportement chrétien.

 

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